¿Qué implica ser psicóloga emprendedora en el extranjero? - Que signifie être psychologue à l’étranger ? - What does it mean to be a psychologist abroad?

-Français juste après-

-English below-

Español

Desde muy joven tuve claro que quería ser psicóloga. A los quince años, después de distintas experiencias personales, elegí dedicarme a esta profesión. Sin embargo, jamás imaginé que ese camino me llevaría a ejercer en Bélgica, lejos de mi país de origen y en un contexto cultural tan distinto. Ser psicóloga ya es, de por sí, un desafío profundo: implica sostener la vulnerabilidad del otro, escuchar sin juicios, crear un espacio seguro donde el paciente pueda desplegar su mundo interior. Pero ser psicóloga en el extranjero añade otra dimensión: significa crecer no solo como profesional, sino también como migrante, atravesando un proceso constante de adaptación, reinvención y resistencia.

Ejercer esta profesión es aprender a ser presencia: estar sin invadir, acompañar sin imponer, respetar sin dejar de sostener. Como señala Carl Rogers, uno de los pilares de la psicología humanista, el núcleo del trabajo terapéutico es la autenticidad y la aceptación incondicional del otro. Esa autenticidad, sin embargo, se pone a prueba en un contexto extranjero donde el idioma, las costumbres y la forma de concebir la salud mental pueden ser diferentes. Ser psicóloga fuera del propio país exige no solo conocimiento teórico y clínico, sino también sensibilidad intercultural, flexibilidad y apertura al aprendizaje constante.

Ahora bien, ¿qué ocurre cuando a este desafío clínico se suma la realidad administrativa de ser migrante? No basta con tener un diploma, experiencia o vocación. Ejercer depende también de permisos de residencia, autorizaciones de trabajo, renovaciones periódicas y el reconocimiento de títulos. La pasión por acompañar se entrelaza con un sistema burocrático que muchas veces parece tener la última palabra sobre la posibilidad de seguir o no ejerciendo. Es doble papeleo, doble exigencia, doble estrés. Entre formularios y visados, se corre el riesgo de que lo administrativo pese más que lo vocacional.

A ello se suma otro matiz: ser latina en Europa. A veces esto significa enfrentarse a estigmas, a miradas que dudan de la validez del título extranjero o de la capacidad de aportar en un contexto tan competitivo. Pero ser latina también se convierte en un motor: en nuestra cultura, la resiliencia es casi una marca de identidad. Como migrantes, hemos aprendido a no rendirnos, a reinventarnos en cada paso, a hacer de la adversidad una fuerza creativa. Esa fuerza se traslada al ejercicio clínico: acompañar desde la experiencia vital de haber atravesado fronteras, tanto geográficas como emocionales.

En la literatura sobre migración y ejercicio profesional, varios autores destacan que trabajar en un país distinto al de origen potencia la capacidad de desarrollar una mirada más amplia y empática (Bhugra & Gupta, Migration and Mental Health, 2011). En mi experiencia, ser psicóloga en el extranjero me ha permitido justamente eso: ampliar mis horizontes, enriquecer mi práctica con nuevas perspectivas y valorar la multiculturalidad.

Ser psicóloga emprendedora en el extranjero es un ejercicio de fe y de perseverancia. Es apostar por un sueño incluso cuando parece condicionado por factores externos. Es recordar que cada renovación, cada documento entregado, cada “espera” forma parte del camino hacia la posibilidad de seguir ejerciendo lo que se ama. Y, sobre todo, es comprender que la mayor validación no viene de un sello en un papel, sino de la transformación real que se produce en el encuentro con el paciente.

Al final, más allá de permisos y autorizaciones, ser psicóloga migrante es la prueba de que los sueños no tienen fronteras. La convicción de que sí se puede, de que sí vale la pena, y de que las raíces, lejos de ser un obstáculo, pueden ser la fuerza más profunda para crecer y aportar en cualquier lugar del mundo.

Français

Depuis mon plus jeune âge, j’ai su que je voulais devenir psychologue. À quinze ans, après différentes expériences personnelles, j’ai choisi de me consacrer à cette profession. Cependant, je n’aurais jamais imaginé que ce chemin m’amènerait à exercer en Belgique, loin de mon pays d’origine et dans un contexte culturel si différent. Être psychologue est déjà, en soi, un défi profond : il s’agit de soutenir la vulnérabilité de l’autre, d’écouter sans jugement, de créer un espace sûr où le patient peut déployer son monde intérieur. Mais être psychologue à l’étranger ajoute une autre dimension : cela signifie grandir non seulement en tant que professionnelle, mais aussi en tant que migrante, en traversant un processus constant d’adaptation, de réinvention et de résistance.

Exercer cette profession, c’est apprendre à être une présence : être là sans envahir, accompagner sans imposer, respecter sans cesser de soutenir. Comme le souligne Carl Rogers, l’un des piliers de la psychologie humaniste, le cœur du travail thérapeutique réside dans l’authenticité et l’acceptation inconditionnelle de l’autre. Cette authenticité, toutefois, est mise à l’épreuve dans un contexte étranger où la langue, les coutumes et la conception même de la santé mentale peuvent être différentes. Être psychologue hors de son pays exige non seulement des connaissances théoriques et cliniques, mais aussi une sensibilité interculturelle, de la flexibilité et une ouverture à l’apprentissage permanent.

Mais que se passe-t-il lorsque ce défi clinique se conjugue à la réalité administrative de la migration ? Il ne suffit pas d’avoir un diplôme, de l’expérience ou une vocation. Exercer dépend aussi de permis de séjour, d’autorisations de travail, de renouvellements réguliers et de la reconnaissance des titres. La passion d’accompagner se trouve alors entrelacée avec un système bureaucratique qui, bien souvent, semble avoir le dernier mot sur la possibilité de continuer ou non à exercer. C’est un doublement de paperasse, de contraintes, de stress. Entre formulaires et visas, on court le risque que l’administratif prenne le pas sur la vocation.

À cela s’ajoute une autre dimension : être Latine en Europe. Parfois, cela signifie se confronter à des stigmates, à des regards qui doutent de la validité du diplôme étranger ou de la capacité à contribuer dans un contexte si compétitif. Mais être Latine devient aussi un moteur : dans notre culture, la résilience est presque une marque d’identité. En tant que migrantes, nous avons appris à ne pas abandonner, à nous réinventer à chaque étape, à transformer l’adversité en force créative. Cette force se traduit dans la pratique clinique : accompagner à partir de l’expérience de vie d’avoir traversé des frontières, tant géographiques qu’émotionnelles.

La littérature sur la migration et l’exercice professionnel souligne que travailler dans un pays différent du sien favorise le développement d’un regard plus large et plus empathique (Bhugra & Gupta, Migration and Mental Health, 2011). Dans mon expérience, être psychologue à l’étranger m’a permis précisément cela : élargir mes horizons, enrichir ma pratique de nouvelles perspectives et valoriser la multiculturalité.

Être psychologue entrepreneure à l’étranger est un exercice de foi et de persévérance. C’est miser sur un rêve même lorsqu’il semble conditionné par des facteurs externes. C’est se rappeler que chaque renouvellement, chaque document déposé, chaque « attente » fait partie du chemin vers la possibilité de continuer à exercer ce que l’on aime. Et, surtout, c’est comprendre que la véritable validation ne vient pas d’un tampon sur un papier, mais de la transformation réelle qui se produit dans la rencontre avec le patient.

En fin de compte, au-delà des permis et des autorisations, être psychologue migrante est la preuve que les rêves n’ont pas de frontières. La conviction qu’il est possible, que cela vaut la peine, et que les racines, loin d’être un obstacle, peuvent devenir la force la plus profonde pour grandir et contribuer partout dans le monde.

Anglais

From a very young age, I knew I wanted to become a psychologist. At fifteen, after various personal experiences, I chose to dedicate myself to this profession. Yet I never imagined that this path would lead me to practice in Belgium, far from my country of origin and in such a different cultural context. Being a psychologist is already, in itself, a profound challenge: it means holding space for the vulnerability of others, listening without judgment, creating a safe place where the patient can unfold their inner world. But being a psychologist abroad adds another layer: it means growing not only as a professional, but also as a migrant, navigating a constant process of adaptation, reinvention, and resilience.

To practice this profession is to learn to be a presence: to be there without intruding, to accompany without imposing, to respect while continuing to support. As Carl Rogers, one of the founders of humanistic psychology, pointed out, the core of therapeutic work lies in authenticity and unconditional acceptance of the other. That authenticity, however, is tested in a foreign context where language, customs, and conceptions of mental health may differ. Practicing psychology outside one’s own country requires not only theoretical and clinical knowledge, but also intercultural sensitivity, flexibility, and openness to continuous learning.

But what happens when this clinical challenge is combined with the administrative reality of migration? It is not enough to hold a degree, experience, or vocation. Practicing also depends on residence permits, work authorizations, periodic renewals, and the recognition of qualifications. The passion to accompany is intertwined with a bureaucratic system that often seems to have the final say on whether one can continue to practice or not. It is double paperwork, double requirements, double stress. Between forms and visas, there is the risk that bureaucracy overshadows vocation.

Another dimension adds itself to this reality: being Latina in Europe. Sometimes it means facing stigma, encountering doubts about the validity of a foreign degree or the capacity to contribute in such a competitive context. Yet being Latina also becomes a driving force: in our culture, resilience is almost a mark of identity. As migrants, we have learned not to give up, to reinvent ourselves at every step, to transform adversity into creative strength. This strength translates into clinical practice: accompanying others from the lived experience of having crossed borders, both geographical and emotional.

Research on migration and professional practice highlights that working in a different country enhances one’s ability to develop a broader and more empathetic perspective (Bhugra & Gupta, Migration and Mental Health, 2011). In my own experience, being a psychologist abroad has allowed me to do precisely that: to broaden my horizons, to enrich my practice with new perspectives, and to value multiculturality.

Being an entrepreneurial psychologist abroad is an act of faith and perseverance. It is betting on a dream even when it seems conditioned by external factors. It is remembering that every renewal, every submitted document, every “waiting period” is part of the path toward continuing to do what one loves. And, above all, it is understanding that true validation does not come from a stamp on a piece of paper, but from the real transformation that takes place in the therapeutic encounter.

Ultimately, beyond permits and authorizations, being a migrant psychologist is proof that dreams have no borders. It is the conviction that yes, it is possible; yes, it is worthwhile; and that one’s roots, far from being an obstacle, can become the deepest source of strength to grow and contribute anywhere in the world.

Suivant
Suivant

Salir de la zona de confort - Sortir de la zone de confort - To leave the confort zone