Hablar del suicidio importa - Prarler de suicide est important - Talk about suicide is important

-Texte en français après celui en espagnol-

-English text after the french one-

-Espanol-

Hablar del suicidio nunca es sencillo, pero callarlo lo hace aún más insoportable. Cada año, más de 720 000 personas en el mundo pierden la vida de esta manera. En Europa, en 2021, cerca de 47 500 personas murieron por suicidio. En América Latina, la tasa promedio es de 6,5 por cada 100 000 habitantes, aunque países como Uruguay alcanzan cifras mucho más altas. En Estados Unidos, los hombres mueren por suicidio en una proporción tres veces mayor que las mujeres, con una tasa cercana a 23 por cada 100 000. Estas cifras nos recuerdan que no se trata de algo raro, sino de una realidad que atraviesa culturas, edades y contextos sociales.

Todavía circula la idea equivocada de que quien habla de suicidio “exagera” o “quiere llamar la atención”. Sin embargo, el suicidio no es un juego ni un capricho; mas bien es la manifestación de un dolor insoportable que no encuentra salida. Desde una perspectiva psicoanalítica, Lacan diferencia el acting out del passage à l’acte. El acting out hace referencia a un mensaje que se escenifica para ser visto por el Otro. El passage à l’acte se entiende como una ruptura radical, un “salir de escena” en el que ya no se trata de decir algo, sino de escapar del sufrimiento. El suicidio puede pensarse en esta lógica: cuando la vida pesa demasiado, cuando el dolor se vuelve inhabitable, la única salida que se percibe es abandonarlo todo.

Winnicott recordaba que la posibilidad de vivir depende de tener un sostén, un entorno suficientemente bueno capaz de acoger y contener la angustia. Cuando ese sostén falla, la persona puede quedar atrapado en un vacío en el que la existencia se siente imposible. Por eso, el suicidio no puede ser reducido a una “decisión personal” tomada a la ligera; es más bien la consecuencia de un desbordamiento en el que la persona ya no encuentra palabras ni apoyos donde sostenerse.

Hablar de suicidio es reconocer que hay historias de sufrimiento que merecen ser escuchadas, que necesitan espacios donde el dolor pueda ponerse en palabras en lugar de ser habitados en el cuerpo. Nombrar este tema es abrir un lugar para la palabra, para la presencia y para la posibilidad de que algo distinto ocurra.

Si estás leyendo esto y sientes que tu dolor es demasiado grande, quiero decirte que no estás solo. Tal vez ahora te parezca que no existe salida, al mismo tiempo, pedir ayuda ya es un gesto valiente, un acto de vida en medio de la oscuridad. No tengo todas las respuestas, pero sí puedo estar aquí para escucharte, acompañarte y sostener ese peso contigo. A veces basta con que alguien se siente a tu lado, sin juicio y sin prisa, para que una pequeña luz empiece a aparecer.

Si en este momento atraviesas una crisis, por favor, busca ayuda profesional o llama a los números de emergencia disponibles en tu región: en Bélgica puedes comunicarte al 0800 32 123; en España al 717 003 717; en Uruguay al 0800 0767; en Estados Unidos al 988. También puedes marcar el 911 o los servicios locales de salud mental. No lo enfrentes en soledad: tu vida importa, incluso si hoy no lo logras ver.

Nombrar el suicidio no aumenta el riesgo, al contrario: puede abrir la posibilidad de dividir el peso de ese dolor. Hablar salva vidas. Y si hoy no puedes creer en nada más, permíteme recordártelo: tu existencia es valiosa, tu dolor merece ser escuchado, y aunque ahora parezca imposible, todavía hay esperanza.

-Français-

Parler du suicide n’est jamais simple, mais le taire le rend encore plus insupportable. Chaque année, plus de 720 000 personnes dans le monde perdent la vie de cette manière. En Europe, en 2021, près de 47 500 personnes sont mortes par suicide. En Amérique latine, le taux moyen est de 6,5 pour 100 000 habitants, bien que des pays comme l’Uruguay atteignent des chiffres bien plus élevés. Aux États-Unis, les hommes meurent par suicide dans une proportion trois fois plus élevée que les femmes, avec un taux proche de 23 pour 100 000. Ces chiffres nous rappellent qu’il ne s’agit pas d’un phénomène rare, mais d’une réalité qui traverse les cultures, les âges et les contextes sociaux.

L’idée erronée circule encore selon laquelle parler de suicide reviendrait à “exagérer” ou à “attirer l’attention”. Pourtant, le suicide n’est ni un jeu ni un caprice ; il est l’expression d’une douleur insupportable qui ne trouve pas d’issue. D’un point de vue psychanalytique, Lacan distingue l’acting out du passage à l’acte. L’acting out renvoie à un message mis en scène pour être vu par l’Autre. Le passage à l’acte, lui, s’entend comme une rupture radicale, une “sortie de scène” où il ne s’agit plus de dire quelque chose mais de fuir la souffrance. Le suicide peut être compris dans cette logique : lorsque la vie pèse trop lourd, lorsque la douleur devient inhabitable, la seule issue perçue est d’abandonner.

Winnicott rappelait que la possibilité de vivre dépend d’un environnement suffisamment bon, capable d’accueillir et de contenir l’angoisse. Quand ce soutien fait défaut, la personne peut se retrouver piégée dans un vide où l’existence devient impossible. C’est pourquoi le suicide ne peut être réduit à une “décision personnelle” prise à la légère ; il est plutôt la conséquence d’un débordement où il n’y a plus de mots ni de points d’appui pour se soutenir.

Parler du suicide, c’est reconnaître qu’il existe des histoires de souffrance qui méritent d’être entendues, qui ont besoin d’espaces où la douleur puisse se dire plutôt que s’inscrire dans le corps. Nommer ce sujet, c’est ouvrir un lieu pour la parole, pour la présence et pour la possibilité qu’autre chose advienne.

Si tu lis ces lignes et que tu sens que ta douleur est trop lourde, je veux te dire que tu n’es pas seul. Peut-être te semble-t-il qu’il n’existe aucune issue, au même temps demander de l’aide est déjà un geste courageux, un acte de vie au cœur de l’obscurité. Je n’ai pas toutes les réponses, mais je peux être là pour t’écouter, t’accompagner et porter ce poids avec toi. Parfois, il suffit que quelqu’un s’asseye à tes côtés, sans jugement et sans précipitation, pour qu’une petite lumière commence à apparaître.

Si tu traverses une crise en ce moment, s’il te plaît, cherche une aide professionnelle ou appelle les numéros d’urgence disponibles dans ta région : en Belgique, tu peux composer le 0800 32 123 ; en Espagne, le 717 003 717 ; en Uruguay, le 0800 0767 ; aux États-Unis, le 988. Tu peux également appeler le 911 ou les services locaux de santé mentale. Ne l’affronte pas seul : ta vie compte, même si aujourd’hui tu n’arrives pas à le voir.

Nommer le suicide n’augmente pas le risque, au contraire : cela ouvre la possibilité de partager le poids de cette douleur. Parler sauve des vies. Et si aujourd’hui tu ne peux croire en rien d’autre, permets-moi de te le rappeler : ton existence est précieuse, ta douleur mérite d’être entendue, et même si cela paraît impossible maintenant, il reste encore de l’espoir.

-English-

Talking about suicide is never easy, but keeping silence makes it even more unbearable. Every year, more than 720,000 people around the world lose their lives in this way. In Europe, in 2021, nearly 47,500 people died by suicide. In Latin America, the average rate is 6.5 per 100,000 inhabitants, although countries like Uruguay reach much higher figures. In the United States, men die by suicide three times more often than women, with a rate close to 23 per 100,000. These numbers remind us that suicide is not something rare, but a reality that cuts across cultures, ages, and social contexts.

The mistaken idea still circulates that those who talk about suicide are “exaggerating” or “seeking attention.” Yet suicide is neither a game nor a whim; it is the manifestation of unbearable pain that finds no way out. From a psychoanalytic perspective, Lacan distinguishes between acting out and passage à l’acte. Acting out refers to a message staged for the Other to see. Passage à l’acte, on the other hand, is understood as a radical break, a “leaving the scene” in which it is no longer about saying something but about escaping suffering. Suicide can be thought of in this way: when life feels too heavy, when pain becomes unlivable, the only perceived way out is to abandon it all.

Winnicott reminded us that the capacity to live depends on a holding environment, a “good enough” surrounding able to contain and welcome anguish. When that support fails, a person may become trapped in a void where existence feels impossible. This is why suicide cannot be reduced to a “personal choice” taken lightly; it is rather the consequence of an overwhelming state in which words and supports are no longer accessible.

To speak about suicide is to recognize that there are stories of suffering that deserve to be heard, that need spaces where pain can be put into words rather than enacted in the body. Naming this issue opens a space for speech, for presence, and for the possibility that something different might emerge.

If you are reading these lines and feel that your pain is too big, I want to tell you that you are not alone. Perhaps right now it seems that there is no way out, yet asking for help is already a brave gesture, an act of life in the midst of darkness. I may not have all the answers, but I can be here to listen, to accompany, and to carry some of that weight with you. Sometimes it is enough for someone to sit beside you, without judgment and without hurry, for a small light to begin to appear.

If you are in crisis right now, please seek professional help or call the emergency numbers available in your region: in Belgium, you can call 0800 32 123; in Spain, 717 003 717; in Uruguay, 0800 0767; in the United States, 988. You can also dial 911 or local mental health services. Do not face this alone: your life matters, even if today you cannot see it.

Naming suicide does not increase the risk; on the contrary, it can open the possibility of sharing the weight of that pain. Talking saves lives. And if today you cannot believe in anything else, let me remind you: your existence is precious, your pain deserves to be heard, and even if it feels impossible right now, there is still hope.

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